Lorsque je me suis amusé il y a quelques années à taper la balle au polo, j’ai pu me rendre compte à mon grand étonnement que certains chevaux jouent réellement, qu’ils comprennent l’essence même du jeu. Ils vont d’eux même essayer d’arriver les premiers sur la balle, et parfois d’en écarter les autres, avec des attitudes agressives, comparables à celles dues à la hiérarchie dans le troupeau. C’est amusant et motivant pour le cavalier. Les études scientifiques démontrent les capacités cognitives des chevaux, permettant de passer du témoignage à l’information. Les chercheurs ne peuvent affirmer aujourd’hui que tel cheval aime telle ou telle discipline mais nous connaissons ses besoins fondamentaux, que l’essentiel réside dans le contexte de vie que nous lui offrons et du mode relationnel que nous lui proposons. Que ce cheval ait été choisi pour l’élevage, la compétition, les cours d’équitation, c’est bien la capacité des humains qui l’entourent qui va améliorer ou entraver son bien-être.
Savoir entendre le cheval dans son langage sensible, s’accorder avec lui sur le plan corporel et émotionnel, respecter son rythme, son umwelt, son tempérament, ses motivations, c’est se rapprocher du langage cheval, c’est se faire un ami. Il se sentira entendu, compris, en sécurité auprès de nous et aura envie d’y rester ; tellement qu’il pourra nous accompagner dans notre domaine d’expertise.
Bien que les médias pointent plus particulièrement les cas d’abus et d’actes maltraitants dans le milieu de la compétition, les autres milieux où chevaux et humains évoluent ensemble n’en ont que trop souvent rien à envier. Que le cheval fasse de la compétition, du spectacle ou du loisir, quelle que soit la discipline, le problème est lié, la plus part du temps à l’appât du gain et donc aux limites que les cavaliers sont prêts à dépasser pour gagner des médailles ou de la notoriété.
La plupart des chevaux de sport sont extrêmement bien traités et montés dans un immense respect de leur mental et de leur intégrité physique. Le comportement humain est alors bien plus à mettre en cause que les exigences de la discipline exercée.
J’ai pu constater les deux extrêmes dans le spectacle, les centres équestres, dans les écuries de propriétaires, même chez ceux qui sont certains de détenir toutes les vérités. Nous avons tous la possibilité de faire un choix et de changer. L’homme intelligent et sensible devrait se remettre en cause pour devenir toujours meilleur ! « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » disait Winston Churchill.
En équitation nous avons aussi ce choix : rester rustre, insensible ou ignorant et pratiquer une équitation irrespectueuse, grossière, vulgaire... en un mot « brutale » ou bien faire le choix d’une équitation respectueuse de l’animal.
À travers ce livre, j’ai voulu mettre en évidence cette possibilité collaborative, ces chevaux vivant avec des humains respectueux des éleveurs, cavaliers, dresseurs dont je ne remets pas en question l’éthique et l’amour de leurs chevaux qui sont au centre même de leurs préoccupations.
Il s’agit de ma « contribution à cette mise en avant des professionnels aux petits soins » dont l’amour se reflète jusque dans le regard de tous ces chevaux heureux.
Ces chevaux photographiés en semi-liberté, pourtant issus de différents milieux, nous rappellent qui ils sont. Des êtres de mouvements, nous ramenant sans cesse à la vie, jusqu’à nous émerveiller... N’est-ce pas là l’origine de notre vie, tout petit enfant auprès des chevaux, enchanté par cette puissance, cette beauté, cette présence propre à l’être extraordinaire qu’est le cheval ?
Patice Gueritot - Galopades